Notre aventure chez les libraires - le 12 Août

Il y a un petit brin de magie dans toute initiative citoyenne. Lorsqu'une petite idée solitaire devient flammèche et embrase l'esprit d'une communauté qui se sent dès lors investit d'une même mission. Un tel mouvement, c'est beau, c'est grand et ça possède la force de soulever des montagnes. C'est un peu ça le 12 Août pour le milieu littéraire québécois. 2 ans déjà que la graine de génie lancée aux quatre vents des Internets par les auteurs Patrice Cazeault et Amélie Dubé a su germée et portée fruit. Le but du jeu? Dynamiser le marché du livre local en l'espace d'une journée en encourageant l'achat d'un produit littéraire bien de chez-nous. Parlez moi d'une belle idée rassembleuse, simple et accessible pour toutes les bourses! Si l'année précédente la journée c'était close sur un franc succès, le constat de la deuxième édition, s'il n'est pas bonifié, s'avère tout aussi engageant. Les lecteurs étaient au rendez-vous et, vous devez vous en douter, l'équipe de la Route de Briques jaunes était également de la partie. Direction : la librairie Pantoute succursale St-Joseph.

À ce propos, nous levons notre chapeau à toute l'équipe pantoutienne. Dès notre arrivée, nous avons été accueilli par une grande marée de suggestions littéraires québécoises: des présentations romans, des cubes b.d., des murs jeunesses. Certains titres ayant occasionnés des coups au cœur de son lecteur et d'autres tardant de se faire découvrir. Un magnifique assortiment de gourmandises pouvant contenter le lecteur le plus pointilleux. Avec un tel choix, il nous fallait toute l'aide possible pour trancher. En plus du vaillant bataillon de libraires, la librairie Pantoute avait le bonheur d'accueillir en ses rangs l'auteure jeunesse Émilie Rivard élevée au rang honorifique de libraire (consommatrice) d'un jour. Tout sourire et follement énergique, prête à inspirer le lecteur indécis et à célébrer la littérature de chez-nous. Inutile de vous dire que nous étions comme deux gamines dans un magasin de bonbons. Glanant découvertes après découvertes, jasant littérature avec quiconque croisait notre route, nous n'avons pas vu les minutes s'égrainer. C'est donc 1h30 plus tard, le porte-feuille un peu plus léger et les sacs beaucoup plus lourds, que nous avons quitté la librairie avec une seule idée en tête : plonger dans le butin de la journée.

Cette vision, je le conçois, c'est celle que j'ai lorsque j'endosse mon attirail de cliente. C'est pour moi une véritable expérience sociologique en ce sens que je me situe habituellement de l'autre côté du spectre du service à la clientèle. Je suis la libraire derrière le comptoir. Justement, outres les questions de chiffrage, savez-vous tout le bien que vous faites à votre libraire par une journée comme le «douzou» ? Une journée qui, soulignons le à grands traits, se vit comme un 23 et un 24 Décembre condensé en 12 petites heures. Il est définitivement possible de parler de sport lorsque l'on nous voit maratoner, autant des pieds que du verbe, pour tenter de desservir notre belle clientèle. Une clientèle qui s'est déplacée spécifiquement pour tester notre expertise. Voyez-vous, on ne vient pas nécessairement bouquiner par une journée comme le 12 Août. On vient davantage avec l'ambition de verbaliser nos envies et de se voir aiguiller sur le chemin d'une oeuvre qui, même sans le savoir, a le pouvoir de nous rentrer en plein dans le cœur. C'est le pouvoir du libraire. Ceci étant dit, si vous apercevez un libraire à mine basse après une telle journée, trop lessivé pour mettre un pied devant l'autre et n'ayant plus assez de termes en banque pour tenter de décrire son repas du soir, sachez qu'il est emplie de gratitude. Car ce n'est pas juste de l'argent que vous avez déposé dans ses caisses, vous lui avez procuré une véritable bouffée de fierté en lui prouvant l'utilité de son métier. Alors, je vous remercie encore pour ce 12 Août et je vous dis à l'année prochaine.