10 août 2015

Jane, le renard et moi

Hélène n'a peut-être que 12 ans mais déjà ses yeux se sont ouverts aux dures réalités de la vie: certaines personnes ont de la méchanceté pris dans le cœur. Impossible de se promener sans être poursuivit par les injures et les insultes griffonnées sur les murs de l'école. Avant le «Hélène pèse trois cent seize» placardée sur la porte des toilettes des filles, il y avait Geneviève, Anne-Julie, Sarah, Chloé et leur rêve de crinoline. Mais cette période de sa vie c'est envolée. La tristesse s'incruste maintenant comme un invité sans manières qui s'invite à souper. Le quotidien, anciennement pétillant et coloré, se décline désormais en tons de beiges. Sa vie de misérable saucisse, elle réussit à s'en évader l'espace de quelques pages. Une fois plongée à l'intérieur de son roman, l'univers d'Hélène reprend de ses couleurs. Jane Eyre d'Émilie Brontë devient son échappatoire face à cette vie trop âpre; une véritable forteresse de papier la protégeant des impacts ennemis. Mais ça, c'était avant le camp d'anglais. Avant qu'une petite Géraldine verbomotrice n'intègre la tente des esseulées pour venir injecter une bonne dose de bonheur dans le cœur d'Hélène. Depuis ce jour, la vie est redevenue sereine et éclatante.



Est-ce que vous croyez au coup de foudre? Moi, je fais partie du clan des sceptiques. Cependant, je suis une fervente dévote pour un amour instantané littéraire. Ça n’a pas toujours était le cas, mais un jour, je me suis trouvé par hasard dans une librairie et mon regard a été attiré par une touche orangée. Cette œillade innocente s’est transformée immédiatement en un amour irrévocable pour Jane le renard et moi. Au moment où mes yeux se sont posés sur cet album jeunesse (ou cette œuvre d’art), j’ai été séduite.  

J’ai été immensément émue par cette histoire qui a touché une corde sensible en moi. Bien que je n’aie jamais été victime d’intimidation et d’harcèlement, je comprends ce qu’est d’utiliser un roman comme échappatoire à sa réalité. Dans des moments de tourmentes, se tourner vers un univers littéraire que l’on affectionne peut être le baume parfait pour se protéger de la réalité parfois brutale qui nous entoure. Dans ce sens, le travail de Fanny et Isabelle réussit à capter parfaitement par des touches de gris et de noir la détresse de la petite Hélène face à la malveillance de ses camarades d’écoles et ensuite nous surprendre avec des éclats de couleurs spectaculaires qui dépeignent le refuge littéraire  d’Hélène. Si c’était possible de tapisser mon appartement au complet avec les pages de cet album, je le ferai sans hésitation.
 

Mon cœur de lectrice a été a été littéralement emballé par ce roman graphique exécuté avec beaucoup de finesse par deux artistes que j'affectionne tout particulièrement. Si on ne peut rester insensible aux misères de cette pauvre Hélène, j'ai été d'autant plus touché par toutes ses insécurités dont elle nous fait part à petite dose. Je n'ai pas pu m'empêcher de me rappeler mes états d'âmes de pré-ado. Lorsque le miroir me renvoyait également la silhouette d'une bouteille d'Orangina qui avait autant de grâce qu'un bébé truie. À cette période de la vie où l'on est le plus fragile, celle où l'on se construit à partir du regard des autres. Cet âge où on est prêt à tout pour se conformer à la masse et où la moindre petite incartade correspond à un suicide sociale. J'ai été émue aux larmes par la justesse de la plume de Fanny Britt. Hélène, on y croit si fort. On a envie de la serrer dans nos bras et de consoler tout ses chagrins. Et puis, quoi dire de cette scène de quelques cases où Hélène prend l'autobus et s'accroche à son livre comme à une bouée de sauvetage; désespérée de ne pas se laisser sombrer dans les méchancetés de ses collègues de classe. J'en aie eu le souffle coupé. Bien évidemment, je me suis reconnue dans les déboires de notre petite narratrice. Mais je crois que la grande force de ce roman graphique réside dans le fait que tous les types de lecteurs peuvent se sentir interpellés par cette histoire. Le propos y est effectivement universel et intemporel. Je vous garanti que vous serez soufflé par la beauté de l'oeuvre et l'authenticité des émotions qui s'en dégage.


Laissez-vous séduire par cet album jeunesse qui transcende l’âge de son lecteur et sera plaire à tous. Véritable œuvre d’art pour votre bibliothèque, allez encourager le travail de deux femmes au talent exceptionnel et procurez-vous Jane le renard et moi le 12 août dans une librairie près de chez vous.

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